Des taux d’aide sociale historiquement bas: aide sociale dans les villes suisses en 2023
Dans les quatorze villes étudiées, les troubles psychiques chez les bénéficiaires de l’aide sociale sont considérés comme un sujet important. Les services sociaux estiment que le degré de détresse est tel chez un quart des bénéficiaires qu’il affecte leur vie quotidienne. Treize villes signalent une augmentation de la part des personnes soutenues souffrant de troubles psychiques sur les cinq dernières années.
Santé mentale : nécessité d’agir à plusieurs niveaux
Beaucoup de services sociaux ont déjà mis en place une formation continue des conseillers sociaux et organisé un conseil professionnel pour le domaine des maladies psychiques. Cependant, il n’existe souvent aucune procédure systématique et le temps manque pour accompagner les cas complexes et coordonner la coopération entre les institutions impliquées (aide au logement, curatelle, système de santé, etc.). Pratiquement toutes les villes citent comme défi majeur l’absence de capacités dans les soins psychiatriques et psychothérapeutiques. Selon les villes étudiées, les possibilités d’évaluation et de thérapie à bas seuil et disponibles en temps réel sont souvent insuffisantes. Nicolas Galladé, président de l’Initiative des villes pour la politique sociale, souligne à cet égard : « Si elle n’est pas à même de combler les lacunes du système de santé, l’aide sociale peut néanmoins se concentrer davantage sur le thème de la santé mentale et contribuer à renforcer la collaboration au niveau de la sécurité sociale en général. »
Tendance confirmée à la baisse dans l’aide sociale
Dans douze villes sur quatorze, le taux d’aide sociale en 2023 est inférieur au niveau de 2019. Onze d’entre elles n’avaient pas connu un taux aussi bas depuis dix ans. Le taux d’aide sociale indique la part des personnes bénéficiant de l’aide sociale par rapport à la population résidante. En chiffres absolus, le nombre des bénéficiaires de l’aide sociale diminue également par rapport à l’année précédente, de 4,3 % en moyenne sur les quatorze villes. Ces indicateurs confirment la tendance à la baisse dans l’aide sociale. Tels sont les constats qui ressortent du rapport « Aide sociale dans des villes suisses - Comparaison des indicateurs 2023 », édité par l’Initiative des villes pour la politique sociale. Cette évolution s'explique en grande partie par la bonne situation sur le marché du travail, qui a entraîné une baisse du nombre de nouvelles entrées dans l'aide sociale par rapport à l'année précédente. Page 2 / 4 « Cela signifie aussi que les mesures prises en amont, comme la formation ou le recours à d’autres prestations sociales, comme les prestations complémentaires ou les rentes-ponts fonctionnent » explique Émilie Moeschler, vice-présidente de l’Initiative des villes pour la politique sociale.
Pas de changement dans les facteurs de risque
En revanche, certains profils au sein de la population continuent de présenter un risque élevé de dépendre de l’aide sociale : les enfants, les jeunes adultes, les personnes d’origine étrangère, mais aussi les familles monoparentales. En moyenne, dans les 14 villes, environ 23% des ménages monoparentaux sont soutenus par l'aide sociale. « Cela touche surtout les femmes travaillant à temps partiel et avec des enfants mineurs » souligne Émilie Moeschler. Et d’affirmer : « Nous devons poursuivre nos efforts sur les mesures de lutte contre la pauvreté, notamment renforcer les formations professionnelles et l’acquisition de compétences de base ».
Les indicateurs de l’aide sociale en bref
Des taux d’aide sociale historiquement bas : Dans douze villes sur quatorze, le taux d’aide sociale est inférieur au niveau de 2019. Onze d’entre elles n’avaient pas connu un taux aussi bas depuis dix ans.
Diminution du nombre de bénéficiaires de l’aide sociale : Le nombre des bénéficiaires de l’aide sociale diminue également par rapport à l’année précédente, de 4,3 % en moyenne sur les quatorze villes.
Risques de pauvreté toujours identiques : Les personnes qui dépendent d’un soutien sont le plus souvent des enfants et des adolescents, des personnes divorcées, des étrangers ou des personnes sans diplôme professionnel reconnu.
Détresse psychologique fréquente chez les bénéficiaires de l’aide sociale : Environ un quart des personnes soutenues sont limitées dans leur vie quotidienne en raison de troubles psychiques. Ce constat ressort de l’estimation des services sociaux des villes comparées.
Manque de ressources et d’offres pour les personnes souffrant de troubles psychiques : Dans la plupart des villes, les possibilités d’évaluation et de traitement disponibles en temps utile sont insuffisantes, en particulier pour les enfants et les adolescents.
Quatorze villes comparées : Quatorze villes sont impliquées dans l’éditions actuelle du rapport sur les indicateurs « Aide sociale dans des villes suisses » : Bâle, Berne, Bienne, Coire, Lausanne, Lucerne, Saint-Gall, Schaffhouse, Schlieren, Uster, Wädenswil, Winterthour, Zoug et Zurich. Ces quatorze villes accueillent un quart environ des bénéficiaires de l’aide sociale enregistrés en Suisse.
Connaissances scientifiques basées sur des faits : La partie générale du rapport est fournie par l’Office fédéral de la statistique qui a travaillé sur la base de la statistique des bénéficiaires de l’aide sociale. Le chapitre spécial consacré à la santé mentale revient à Michelle Beyeler, privat-docent à l’université de Zurich. Le rapport est établi sur mandat de l’Initiative des villes pour la politique sociale. |