Dans de nombreuses villes suisses, on observe une réflexion accrue sur la promotion de la culture. Les villes suivent à cet égard des stratégies différentes, mais toujours innovantes, qui considèrent la culture comme une partie intégrante du développement urbain. Cependant, la mise en œuvre de projets culturels fait régulièrement l’objet de critiques, en raison de divers débats autour de questions de diversité, de liberté artistique et de responsabilité sociale.

À Uster, ce que l’on appelle le « Kulturgelage » (festin culturel) constitue le cœur d’une nouvelle approche participative. Cette rencontre annuelle réunit les actrices et acteurs culturels, l’administration, la politique et l’économie autour d’une même table, dans le but de considérer la promotion culturelle comme une responsabilité partagée. Parallèlement, la « Nashornrunde » (ronde des rhinocéros) crée des espaces informels dans lesquels des projets concrets tels que des scènes ouvertes ou des formats littéraires voient le jour. Les lignes directrices culturelles 2020-2028 encouragent délibérément les offres décentralisées, spontanées et à bas seuil, dans le but d’intégrer la culture dans le quotidien. à Fribourg, l’artiste Joséphine de Weck et le pianiste de jazz Stefan Aeby ont lancé un projet novateur qui invite la population à découvrir des quartiers méconnus au travers d’un voyage sonore artistique. La visite audio « Elles regardent la ville » combine textes et musique et conduit les participant·e·s à travers des quartiers non touristiques, tentant ainsi d’offrir de nouvelles perspectives sur la ville. (Zürcher Oberländer du 12.03., La Liberté du 15.04.)

La culture en tension : la promotion culturelle des villes dans le débat public

Plusieurs villes suisses sont confrontées à des attentes croissantes à l’égard de leur promotion culturelle. Elles reçoivent, en particulier des critiques là où les exigences en matière de diversitéet de transparence se heurtent aux processus de sélection, aux priorités en matière de contenu et à la liberté artistique. La ville de Zurich s’engage activement en faveur d’un paysage culturel inclusif, diversifié etprogressiste. Dans le domaine du théâtre, ces enjeux de politique culturelle suscitent également des débats. Ainsi, le politicien Florin Capaul (PLR) a exprimé des réserves quant aux critères de subventionnement, évoquant un possible frein à la créativité en raison de processus administratifs. La ville de Zurich prend de telles réactions au sérieux et s’efforce, par un dialogue constant avec les milieux culturels et le public, de favoriser une scène théâtrale à la fois vivante et accessible, dans laquelle qualité artistique et pertinence sociale ne sont pas contradictoires. 

Depuis 2024, une commission culturelle pluridisciplinaire s’engage à Berne pour une nouvelle organisation du domaine culturel qui permette une diversité de perspectives et une égalité de traitement dans tous les secteurs. Cette commission est actuellement confrontée au défi d’un débat public qui a soulevé des questions concernant les attitudes discriminatoires et l’indépendance politique. Pour répondre aux critiques, la ville prévoit d’organiser une médiation et d’introduire un code de conduite contraignant afin de consolider la confiance dans le travail de la nouvelle commission et de poursuivre le développement de la promotion culturelle. (Der Bund du 21.03., Tages-Anzeiger du 29.03., Der Bund du 29.3., Berner Zeitung du 15.04.)