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Les villes veulent le 30 km/h : plus silencieux, plus sûr – et meilleur pour toutes et tous

2 octobre 2025 – Le Conseil fédéral propose que les routes affectées à la circulation générale soient en principe soumises à une limitation de vitesse à 50 km/h. Les villes et les communes n’auront désormais le droit d’instaurer le 30 km/h que si un revêtement silencieux ne permet pas d’obtenir une réduction du bruit suffisante. Cette proposition fait fi non seulement du principe de subsidiarité, mais aussi des nombreux avantages de la limitation de la vitesse à 30 km/h. Celle-ci permet en effet de créer de meilleurs espaces routiers, et donc un espace public pour tous.

Le débat sur la limitation de vitesse à 30 km/h sur les routes affectées à la circulation générale est parfois houleux et émotionnel. Une raison possible à cela est la focalisation sur la voiture. En effet, l’énervement que peut suscitée les zones 30 est celui de l’automobiliste qui se sent bridé. Au sein de la population, une majorité se déplace parfois en voiture ; mais de même, une majorité des gens utilisent les espaces routiers autrement : pour se déplacer à pied ou à vélo, passer un moment au café ou faire son shopping en flânant. Par ailleurs, de nombreuses personnes habitent à proximité de ces routes affectées à la circulation générale, car les trois quarts de la population vivent en milieu urbain. Dans l’espace urbain, ces « rues affectées à la circulation générale » sont aussi des espaces publics ; outre leur fonction d’accessibilité, elles répondent aussi à de nombreuses autres exigences. Si l’on cesse de considérer les zones 30 à travers le prisme des automobilistes, leurs nombreux atouts sautent aux yeux : 

- Des vitesses plus sûres – des rues sûres 
Par la réduction considérable du temps de réaction et de la distance de freinage, le passage de 50 à 30 km/h à l’intérieur des localités permet d’éviter environ un tiers des collisions graves. La limitation à 30 km/h améliore aussi la sécurité des trajets scolaires longeant les rues affectées à la circulation générale. Les enfants doivent pouvoir se rendre en toute sécurité à l’école à pied ou à vélo par un chemin continu. Les personnes circulant à pied ou à vélo se sentent plus en sécurité à côté de voitures roulant à 30 km/h. Et les automobilistes eux-mêmes se sentent plus à l’aise quand ils circulent à des vitesses sûres. 

- Moins de bruit – une vie plus saine 
La circulation routière est de loin la plus grande source de bruit. La mesure la plus simple, la moins onéreuse et la plus efficace est la réduction de la vitesse. Le bruit routier est responsable de 80 % des coûts externes liés au bruit. La première victime en est la population des villes et des agglomérations. Au total, 1,1 million de personnes sont exposées à un bruit excessif dû à la circulation durant la journée et 1 million durant la nuit. La réduction du bruit par le 30 km/h garantit la qualité de vie de milliers de riverain·e·s de routes principales, et ce sur le long terme. 

- Moins de vitesse – plus de qualité de vie 
Les rues affectées à la circulation générale traversent souvent un espace urbain densément peuplé ou des centres-villes, qui aspirent à offrir une qualité de vie à chacun·e. Ces routes ne servent pas seulement à l’accessibilité et la circulation automobiles, mais sont utilisées par différentes personnes avec différents moyens de transport : à pied, à vélo, en transports publics, etc. Ce sont des rues où des gens habitent, vivent et travaillent. Les espaces routiers sont toujours aussi des lieux de vie, des rues commerçantes avec des magasins, des cafés et des restaurants. Si le trafic motorisé circule plus lentement, les chaussées n’ont pas besoin d’être aussi larges ; il reste ainsi plus de place pour les autres utilisations de l’espace routier, pour les personnes à pied, à déambulateur ou à vélo et pour les arbres qui fournissent de l’ombre. La limitation de la vitesse à 30 km/h contribue ainsi à la coexistence de tous et à la compatibilité climatique.  

- Des vitesses plus basses – une circulation plus fluide  
Grâce aux zones 30, les automobilistes sont impliqués dans moins de collisions graves et génèrent moins de bruit. Mais ce n’est pas tout : à une vitesse constante de 30 km/h, le nombre et l’ampleur des accélérations et des freinages diminuent, ce qui rend le trafic plus fluide. Cela se traduit par une augmentation de la capacité du réseau de TIM. Des études démontrent que l’instauration de zones 30 se traduit même par une diminution du temps de trajet pour les automobilistes. 

La prise de position « Pour une vitesse adaptée à la vie en ville » de la Conférence des villes pour la mobilité énumère d'autres avantages de la limitation à 30 km/h. 

La motion Schilliger, un défi 
Contrairement aux avantages formulés ci-dessus, éprouvés et démontrés à l'échelle mondiale, d'une limitation à 30 km/h pour des espaces routiers agréables à vivre, et contrairement aux intérêts affichés des villes et des communes de pouvoir décider elles-mêmes de la limitation de vitesse sur leurs routes, les Chambres fédérales ont transmis au Conseil fédéral une motion visant à fixer une limitation à 50 km/h pour les routes à vocation principalement routière dans les agglomérations. Le Conseil fédéral propose désormais, pour la mise en œuvre, que la limitation à 30 km/h ne puisse être introduite que si un revêtement silencieux, qui doit en principe être posé, ne permet pas de réduire suffisamment le bruit. Le Conseil fédéral empiète ainsi de manière excessive et sans nécessité sur l’autonomie organisationnelle des cantons et impose des mesures affaiblissant l’espace routier. Il réduit le 30 km/h à une simple mesure de lutte contre le bruit et néglige les atouts essentiels d’un régime de vitesse humain. 

Les villes et les communes, qui doivent gérer leur territoire urbain dans sa globalité, ont conscience des atouts du 30 km/h. Elles connaissent la situation sur place, apportent beaucoup de soin à la planification et évaluent déjà aujourd’hui de manière responsable où et comment mettre en œuvre des mesures de trafic dans l’intérêt de leur population. 

Un soutien de la population
Paris, Helsinki, Bologne : à l’étranger, nombreuses sont les villes et communes qui font du 30 km/h la norme et du 50 km/h l’exception. Les Suissesses et les Suisses seraient-ils donc différents des autres ? En tout cas, les personnes qui ont participé à l’étude de gfs.bern commandée par la Conférence des villes pour la mobilité expriment une opinion sans équivoque. Elles souhaitent que les espaces routiers continuent à être transformés en espaces de vie.  

L’Union des villes suisses s’impliquera dans la consultation en cours et s’opposera aux prescriptions imposées unilatéralement. En effet, les villes continueront à défendre les intérêts de leur population et veulent développer les villes pour en faire des espaces de vie dynamiques et diversifiés.

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