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Les sujets qui occupent les villes - les entreprises de plateformes

16 février 2022 – Ces dernières années, les entreprises de plateformes numériques ont marqué le développement économique et, parallèlement, le paysage des villes suisses. Aujourd’hui, la pression s'accroît sur leur modèle commercial: plusieurs tribunaux ont décidé que les conductrices et conducteurs des services de taxis et de livraison de repas d’Uber devaient être considérés comme des employé-e-s. À Berne, les habitants de la ville ont approuvé le 13 février un projet appelé «Lex Airbnb» qui rend plus difficile la location d’appartements via des plateformes numériques. Ce sujet occupe les villes.

Pendant la pandémie, des services de livraison de repas comme UberEats ou Smood ont considérablement développé leur présence en Suisse. Alors que pendant le lockdown, les restaurants étaient contraints de fermer, ces services promettaient une livraison rapide des repas. En tant que plateformes numériques, les entreprises se concevaient uniquement comme des intermédiaires entre les restaurants et les clients et considéraient leurs chauffeuses et chauffeurs comme des travailleuses et travailleurs indépendants. Mais à partir de début novembre 2021, les chauffeuses et chauffeurs du service de livraison Smood se sont mis en grève à Neuchâtel, Yverdon, Nyon et Genève, revendiquant entre autres une meilleure planification des horaires de travail, de même que des congés et jours de maladie payés («Le Temps», 9.11.2011).

 

Depuis un jugement du Tribunal administratif de Genève, le service de livraison de repas UberEats, qui fait partie de la plateforme de taxis Uber, doit employer ses chauffeurs et chauffeuses par le biais d’entreprises partenaires. De plus, ces travailleuses et travailleurs sont désormais soumis à une convention collective de travail. Suite à ce jugement, les services d’UberEats sont devenus plus chers, et l'entreprise a perdu environ 1000 de ses chauffeuses et chauffeurs, ce qui fait qu'il ne reste que 300 d’entre eux dans l’entreprise. Le secteur de la restauration n’est pas non plus satisfait du modèle commercial des services de livraison: les restaurateurs gagnent moins en faisant des affaires avec les plateformes et ont été totalement dépendants de celles-ci pendant le lockdown. Néanmoins, les restaurants ont ainsi pu au moins garder leur cuisine ouverte ou la faire tourner à pleine capacité («NZZ am Sonntag», 9.1.2022).

 

Le modèle économique des services de transport est sous pression

Uber est également sous pression dans son domaine d’activité originel, les services de transport. Active dans neuf villes suisses, l’entreprise distribue des commandes de transport de clients à des chauffeuses et chauffeurs. Le statut des chauffeuses et chauffeurs Uber n’était jusqu’à présent pas clarifié, puisque le Conseil fédéral s’était prononcé en octobre contre une «Lex Uber». Uber défend le point de vue selon lequel ceux-ci sont des travailleuses et travailleurs indépendants, raison pour laquelle ils n’ont pas droit aux cotisations sociales ni aux compensations de vacances. Avant Noël, le Tribunal zurichois des assurances sociales a contredit ce point de vue: selon lui, les chauffeuses et chauffeurs Uber dépendent bel et bien de l’entreprise, raison pour laquelle celle-ci doit leur verser des cotisations sociales («Neue Zürcher Zeitung», 6.1.2022).

 

Le Tessin règlemente les portails immobiliers

Parmi les autres plateformes qui jouent un rôle important dans l’économie des villes et soulèvent des questions, il y a celles qui louent des appartements. La plus connue d’entre elles est Airbnb: elle permet aux particuliers de proposer des maisons, des appartements et des chambres sur leur propre plateforme numérique et de les louer temporairement. Cette offre s’adresse avant tout aux touristes. Le Tessin a été le premier canton à règlementer les prestataires comme Airbnb: il a instauré le 1er février un numéro d’identification pour les bailleuses et bailleurs. Airbnb et les autres agents immobiliers sont tenus de collecter la taxe de séjour et de la reverser aux organisations touristiques. Les communes d’implantation des objets immobiliers doivent en outre vérifier si ceux-ci conviennent à l’hébergement touristique («Walliser Bote», 17.1.2022).

 

Berne dit oui à la «Lex Airbnb»

À Berne, les électeurs ont approuvé la révision partielle du règlement de la Ville sur les constructions. Le nouveau règlement sur les constructions doit limiter l’utilisation des résidences secondaires dans la vieille ville. Concrètement, il interdit la location à titre commercial de parties de bâtiments pour lesquelles le règlement de construction prescrit obligatoirement un usage d’habitation. On espère ainsi éviter une évolution similaire à celle qu’ont déjà connue de nombreuses villes européennes: les plateformes comme Airbnb font grimper les prix des appartements, et dans les centres-villes attractifs pour les touristes, les habitant-e-s se retrouvent chassés («Der Bund», 2.2.2022).

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