Philipp Gemperle, Vize-président de Romanshorn, responsable du département Plan d'améngement local et droit de la construction, conseiller en communication.

La ville de Romanshorn est un port et un nœud routier d’importance internationale situé sur les rives du lac de Constance. Notre centre-ville, les quartiers ouvriers et le quartier historique du château et de l’église ont l’honneur de figurer dans l’ISOS. Nous sommes fiers de notre site construit, plus précisément de parties de celui-ci. Le conseil municipal et l’administration s’impliquent pour que ce site construit soit protégé et préservé là où cela fait sens.  

Dans le même temps, il va sans dire qu’il nous tient aussi à cœur que notre ville connaisse un développement adéquat. Dans ce contexte, l’ISOS est pour nous un instrument précieux et indispensable. L’avantage est que l’ISOS ne pose pas sur Romanshorn une cloche à fromage, mais s’intègre dans une mise en balance des intérêts. En théorie du moins. 

En pratique, l’application de l’ISOS, de plus en plus, nous donne des boutons. Dans le quotidien de travail et de notre action politique, cet inventaire est en train de se transformer en consigne. Les instances délivrant les autorisations s’appuient dans leurs décisions sur les «prescriptions de l’ISOS», la Commission fédérale pour la protection de la nature et du paysage déterminant par exemple a priori qu’une expertise doit veiller à la préservation complète des silhouettes. L’ISOS ne laisse ainsi plus de marge de manœuvre pour aucune évolution. À mes yeux, cela n’a plus rien à voir avec une authentique réflexion sur les conditions qui prévalent localement, et est en réalité une farce. Compte tenu de formulations aussi précises, une mise en balance objective des intérêts s’avère plus qu’exigeante.  

Je me répète: l’ISOS est précieux pour nos décisions en matière de développement urbain. Mais il est impératif qu’il reste un instrument et ne devienne pas insidieusement une prescription qui bloque ce développement. Nous sommes tout à fait désireux de procéder à une mise en balance minutieuse des intérêts, et je pense que l’on peut faire confiance aux villes et aux communes pour qu’elles le fassent. Cela ne doit cependant pas se faire par des études et des expertises sans fin et au prix d’une lourde bureaucratie, mais par un travail ciblé et efficace.  

Certes, nous non plus, nous ne sommes pas parfaits. Le rapport de l’OFC formule à l’intention de Romanshorn des recommandations quant au développement des processus organisationnels. Nous prenons en compte ces conseils et travaillons en interne sans relâche à des améliorations pour atteindre une bonne culture du bâti.  

L’objectif doit toutefois consister pour tous à ce que nous puissions faire avancer une densification urbaine intelligente sur mesure tout en préservant notre identité. Je suis convaincu que les villes et communes en sont capables.