Oliver Martin est docteur en architecture de l'EPFZ et chef de la section Culture du bâti de l'Office fédéral de la culture.

Cet été, Locarno était au centre de l’attention pour son fameux festival de film. Mais saviez-vous que la ville est inscrite à l’ISOS, l’Inventaire fédéral des sites construits d’importance nationale à protéger en Suisse, tout comme Carouge, Saint-Gall, Delémont, Aarau, Bulle, Uster, Bâle, Frauenfeld et Coire ? Chaque hameau, village ou ville que compte ce dernier mérite, par ses qualités spécifiques, de figurer à l’unique inventaire au monde qui porte sur l’ensemble des sites construits d’un pays.  

L’ISOS désigne en effet les sites les plus précieux de la Suisse et en célèbre la diversité. Elaboré par l’Office fédéral de la culture (OFC), il décrit et évalue les qualités des lieux qu’il recense selon des critères scientifiques uniformes. Il permet de comprendre leur histoire et leur identité. S’il définit ce qui mérite d’être sauvegardé, l’ISOS n’est ni une mesure de protection absolue ni une planification. Il constitue une base de décision. La Confédération s’appuie sur ses relevés dans l’accomplissement de ses tâches. Les cantons et les communes en tiennent compte dans leurs planifications.  

Les besoins de la population doivent être au centre de l’attention
C’est un fait : l’espace bâti et son aménagement, sa cohérence spatiale, sa relation avec et son impact sur l’environnement naturel, ses proportions et sa matérialité exercent une influence directe sur le bien-être des personnes. D’où l’importance de développer nos villes et villages tout en en préservant les qualités et en les enrichissant. Il est depuis longtemps reconnu que tout développement de qualité commence par la compréhension de l’existant. Lors de projets de planification et de construction, il s’agit donc de définir des mesures spécifiques, adaptées au lieu.  

Elles doivent tenir compte du caractère du site construit, des conditions locales particulières et se concentrer sur le bien commun et les besoins des habitants. Dans ce contexte, l’ISOS joue un rôle fondamental. Une étude récente  montre que lorsque ses recommandations sont correctement prises en compte et que les marges de manœuvre laissées au développement territorial sont exploitées à bon escient, l’Inventaire fédéral représente une chance de parvenir à une densification de qualité et apporte ainsi une contribution significative à la qualité de la culture du bâti en Suisse.  

Conscients de l’importance d’une culture du bâti de qualité, la Confédération, les cantons, les villes et les communes ont élaboré, à l’initiative de la Conférence suisse des directeurs cantonaux des travaux publics, de l’aménagement du territoire et de l’environnement (DTAP), le guide « Protection des sites construits et développement vers l’intérieur ». Cette publication s’adresse aux autorités décisionnelles et spécialisées communales et cantonales et propose des manières concrètes de considérer l’ISOS dans les processus d’aménagement du territoire dans les sites construits d’importance nationale. 

«Le guide propose des manières concrètes de considérer l’ISOS dans les processus d’aménagement du territoire dans les sites construits d’importance nationale. » 

Conçu comme aide au travail, elle présente, à l’aide de diagrammes de flux, les différentes étapes à suivre selon le type de procédure d’aménagement du territoire (plan d’affectation, plan d’affectation spécial, projet de construction), la marge de manœuvre existante dans les décisions selon la nature de la tâche (tâche de la Confédération, tâche cantonale/communale) ainsi que la répartition des rôles dans l’application de l’ISOS (Confédération, cantons, communes, Commission fédérale des monuments historiques et Commission fédérale pour la protection de la nature et du paysage).  

A noter que le document s’appuie sur les règles de planification valables pour l’ensemble de la Suisse, sans aborder les particularités cantonales ou communales.